Le combat de l'innocent

Sans m’en apercevoir, je reçois des personnes de plus en plus jeunes. Une de mes premières séances est un adolescent qui vient avec sa mère pour des problèmes d’insomnie. Quand je me connecter, je vois la guerre 14-18 et un frère qui subit les bruits des obus. Je regarde, cela ne peut être qu’un grand-père ou j’entends, « un grand oncle disparu. » Nous entamons une relation particulière car notre échange lui permet de révéler des visions qu’il a la nuit. Peu à peu, ses insomnies et son somnambulisme disparait. Sa mère me dira une des madeleines les plus précieuses de cette vie de médium… « Si ta mère a besoin du témoignage d’une mère, je le lui donne. » Comme si elle connaissait ma lutte pour être acceptée.

Peu après lui, un autre adolescent vient. Je me propulse à Reims dans un restaurant. Je reçois de nombreux détails quand un extra-terrestre débarque… C’est moi. J’arrête le soin et lui demande s’il a des questions à me poser. Il bafouille avec timidité. « Non, parce que tu me vois comme un extra-terrestre, tu sais, ceux de Mars Attack. Il se détend immédiatement. « C’est exactement ça ». Nous échangeons sur ses études, une copine anorexique et son impression d’être en échec car il ne suit pas la voie tracée par ses parents. Il veut pratiquer la boxe, il veut s’engager dans une carrière sportive. Nous tissons un lien particulier et, plusieurs semaines après notre séance, il assume son chemin. Il quitte Tahiti pour devenir coach en Nouvelle Zélande.

Une de mes premières petites filles est une enfant adoptée par un homme français à une jeune tahitienne droguée qui abandonne l’enfant âgé de quatre mois, il ne sait pas qui est le père de sa fille adoptée. Un peu perdu, il ne comprend pas la double personnalité de sa fille. Elle est tantôt un démon violent qui mord, tape, crie et tantôt, une fillette douce, câline qui fait des blagues comme lui. Ensemble, nous nous replongeons dans les pratiques addictives de sa mère. Il semble que le père ait été violent. Il ne sait pas. Je lui explique une équation simple, sa fille adoptive n’arrive pas à assimiler l’univers bienveillant dans lequel elle grandit quand son univers « biologique » laissait place à la violence sur la femme. Il s’apaise, le plus dur pour lui est d’accepter qu’il ne soit pas responsable de la situation. Sa fille a de la violence en elle, c’est en lui donnant de l’amour qu’elle va comprendre qu’elle est en sécurité et qu’elle est aimée.

Un autre séance m’emmène dans les tréfonds de la pédophilie. Pour la première fois, un homme me confie le viol par son cousin. Sa femme n’a eu de cesse de me remercier, notre séance a changé son mari délesté d’un secret trop lourd. Quelque temps après, une mère me consulte. Elle a peur de perdre la garde de son fils avec un père qui use de ses connaissances pour monter un dossier juridique contre elle. Nous travaillons au cours de plusieurs séances sur son héritage familial, sa grossesse quand elle me demande une séance avec son fils. Je sais et je ne peux rien dire.

Elle m’appellera quelques mois plus tard car une phrase que j’ai dite a été répétée par un proche dotée de capacités perceptives. Elle réalise que son fils est en danger. Son histoire est une parmi tant d’autres. Des mères, des pères qui se trouvent coupables de l’acte d’un conjoint et qui se trouvent prisonniers d’un engrenage qu’ils ne pouvaient soupçonner. Comment faire face à l’horreur sans se reprocher son aveuglement ? Cette maman me fera écrire un conte pour son fils et enregistrer une méditation pour aider son enfant à libérer le crime qu’il vit avec son père incestueux.

En écrivant ces lignes, j’ai le cœur serré. Le film The Sound of Freedom fait partie des films qui sont restés dans mes entrailles comme une vidéo de sensibilisation sur le harcèlement à l’école. L’histoire commence avec une petite fille qui est convoquée par le directeur. A côté d’elle, les parents et un petit garçon qu’elle a frappé en classe. La mère arrive et écoute. Elle demande à sa fille pourquoi elle a frappé. La petit répond que le garçon lui a mis la main sur la cuisse pour la toucher sous sa jupe. La mère retourne la situation, c’est elle qui pourrait porter plainte contre les parents et le garçon pour harcèlement sexuel. Cette vidéo, elle m’a fait couler des larmes chaudes et je remercie encore le réalisateur.

Les images diffusées par les films, les publicités, les réseaux sociaux sont à double tranchant. Plus j’avance, plus je sens l’impact des images sur la psyché. Cette vidéo de sensibilisation, ce film sur la traite des enfants ou Spotlight dont la phrase phare résonne comme un déclic fondamental : « S’il faut tout un village pour élever un enfant, il faut aussi tout un village pour qu’on puisse les violer » libèrent. Ces images et ces histoires débloquent des mémoires. En miroir, l’abus des images consommées sans conscience endort et traumatise. Quand une amie m’emmène voir Dr Strange et les multivers, je mets trois jours à me remettre de cette avalanche d’images et de prêt-à-penser sous couvert spirituel. Je vois des pratiques liées à la franc-maçonnerie qui envahissent mon "théâtre" ou ma "salle de cinéma". C’est le corps hypermédiatique. Il avale les contenus passivement tout autant qu’il peut y créer un saut quantique et accompagner la conscience en voyage.