Ca y est, on va dans l'espace vivre ses rêves de gamin... à tout prix ?
Un rêve s'est réalisé cette semaine... Devrait-il mourir au nom de la préservation du monde et/ou de notre futur ?
Céline Hervé-Bazin
4/16/20257 min read


|Voyage de la semaine]
Cette semaine, un rêve de gamine a été réalisé. Des femmes m'ont montré la voie le temps d'une cascade pour 11 minutes au septième ciel... Je parlais de voyage conscient la semaine dernière. L'actualité balaie mon propos d'un revers. Le vaisseau de la compagnie Blue Origin (l'origine bleue... en référence à l'eau, la terre, la planète bleue ? Ah oui, pardon, ce sont les deux mêmes entités) a réalisé son onzième vol commercial pour l'espace avec à son bord, que des femmes. C'est un grand pas pour la promotion de la condition féminine, l'avenir du voyage et... pour la candeur de nos rêves.
Cette semaine, mon rêve a rencontré ma réalité et j'ai réalisé une nouvelle dichotomie. Ce dont je rêvais enfant nourrit l'illusion d'un futur trop proche. Nous voilà projetés dans l'avenir de l'humanité comme Interstellar ou Wall-E nous l'ont prédit. Nous allons quitter la Terre pour vivre en orbite en quête d'une nouvelle Planète. Moi, ma Terre, je l'aime et je l'adore. J'ai deux amours, mon eau et le Monde.
C'est dans ce moment charnière que je me dis, et si arrêter de rêver était le prix de la vie consciente, éthique et responsable sur Terre ?
La distinction entre le passé, le présent, le futur
n'est qu'une illusion, aussi tenace soit-elle.
Albert Einstein.
Rêver le futur
Cette semaine a été riche en projections. Il parait que c'est la pleine lune en Balance qui nous fait faire une sorte de reset. Personnellement, elle m'a assommé. Trop d'informations... Sur quoi écrire ?
Les droits d'auteur et le filtre Ghibli, un débat qui aura le mérite de faire bouger les lignes de la solution IA en la rendant plus payante (comme les autres technologies telles les chansons gratuites de Deezer devenues payantes, YouTube et ses publicités évitables contre un abonnement et permettant la rémunération des artistes, les premières versions de Adobe... c'était bien moins cher à l'époque et disponible à Derb Ghalef avec une copie comme il faut ;)
Le Starter Pack qui déferle comme une énième tendance qui amuse la foule... Cela m'a rappelé l'Ice Bucket Challenge que j'avais analysé, il fût un temps de quête sur la conscience environnementale. Cette poupée qui délivre des indices personnels (la symbolique m'a tuée : poupée quoi ! packaging quoi ?! Moi au rayon jouet au supermarché...) Cette fois-ci, l'orchestration des contre-voix a vite crié. Empreinte carbone, consommation des ressources avec l'eau citée au centre du défi. Déjà d'autres commentent que c'est surévalué, qu'il ne faut pas diaboliser l'IA. Non, on angélise la durabilité. D'ailleurs nombre d'ONG ou artistes ont utilisé la trend pour engager sur la lutte contre la faim ou la survie des espèces. Le jeu a tourné vinaigre quand un compte a fait l'apologie du viol avec le Starter Pack de Gisèle Pélicot pour finalement être supprimé par TikTok pour atteinte aux règles communautaires, un mot, un vrai. Comme pour les droits d'auteur, l'usage de l'IA va se réguler et le défi est encore, sensibiliser, éveiller, conscientiser, responsabiliser à l'éthique de la raison pure (ça nous changera de la critique kantienne :).
Dans cette débâcle, Thomas Pesquiet nous montre son saxophone (j'ai appris un truc sur cet homme que j'admire encore gamine qui kiffe les astronautes) et sensibilise (ah je savais bien qu'il était un héros). Même temps, Blue Origin communique sur son épopée symbole d'une nouvelle émancipation avec un vol 100% féminin. Sur les images, des femmes qui s'agitent comme dans un parc d'attraction, des messages personnels de la chanteuse Katy Pery avec une "Daisy" le prénom de sa fille, un mélange de pro et perso puisque la grande et l'unique Oprah Winfrey regarde le décollage de son amie King à bord de l'embarcation. Je me demande ce que Thomas Pesquiet en pense de cette nouvelle contre-cause humanitaire. Par délit d'associations, j'ai vu mon rêve de petite fille voler en éclat.
Quand j'avais neuf ans, notre maitresse nous demande d'écrire ce que nous voulons faire plus tard (maintenant, c'est à 3 ans qu'on doit le savoir... Après tout, il parait qu'on le sait dès la naissance avec la charte astrale.) Dans ma tête, j'ai deux trajectoires : les étoiles et l'écriture. Renan, mon voisin, avec qui je suis en compétition en bonne garçon manqué qui court et nage plus vite que tout le monde, me souffle "je veux être astronaute, et toi ?". La maitresse m'interpelle, elle m'a l'œil. Il faut dire que je dessine beaucoup quand j'écoute... un peu moins. "Je veux être poète." Ca sort. Moqueries de l'enseignante. "Ce n'est pas un métier. Recommence." Les métiers défilent. Toutes les filles cool et populaires veulent être stylistes. Mon tour revient, je serai couturière pour avoir du travail et payer ma poésie. Je suis envoyée chez le Directeur, absent comme toujours quand je suis envoyée chez lui (j'ai déjà de la chance). Vite, j'ai compris qu'astronaute signifiait mathématiques, matière antinomique à mes neurones. Les mots ont gagné mon cœur déjà amoureux d'écrire... Je suis devenue poète.
Quand je pense à cette petite fille, à nous toutes et tous, qui avons envie d'aller dans l'espace, je me dis... Ca y est ! Le rêve sera accessible bientôt. C'est une question de temps. "Nous avons décidé d'y aller" nous dit Jim Lovell dans Apollo 13*, un de mes films préférés alliant solidarité humaine, foi et ingéniosité. Cette nouvelle conquête voile une illusion, nous choisissons l'extérieur (l'espace) pour mieux détruire l'intérieur (la Terre). Les chiffres du bilan carbone de ce vol 100% féminin ne font que cacher l'arbre derrière la forêt de la fuite en avant d'une consommation irresponsable d'enfants gâtés qui attendent leur vaisseau spatial pour migrer loin de la Terre... Mais où allons-nous ? Destination Pluton, la Planète d'Hadès, le maître des Enfers. Et je peux m'empêcher d'entendre la bande son de Platoon.
*Je ne retrouve pas la scène mais celle-ci a l'esprit de la suite de mon propos... en plus d'être une scène mythique du film.
Dans le temps on levait les yeux en se cherchant
une place parmi les étoiles…
Là on fait que baisser les yeux et se soucier
de trouver notre place dans la gadoue.
Cooper, Interstellar
Le futur d'un rêve
En ce moment, je balaie mes rêves, mes réussites, mes échecs après avoir terminé un vaste projet d'écriture sur le voyage et ce qu'il enseigne. Je me pose à nouveau la question, quel rêve pour quel futur ? Tous ces enjeux de communication me questionnent sur mes choix, sur ce nouveau départ conscient... déjà écrit ? Quand j'écoute Philippe Bobola sur la physique quantique, le temps, l'IA, je me sens portée par la soif de connaissance, co-naissances et cette intelligence existentielle dite spirituelle que Gardner nous a proposée (parmi les 9 intelligences).
J'évoquais l'intellectus numéricus comme évolution de l’intellectus archetypus qui a construit son Idée à partir d’images (intellectus ectypus) « sans aucune contradiction » (Lacoste, 1992 : 121) et aujourd'hui, se voit face à une remise à zéro de ses croyances. Intellectus hyper emotitius, je me dis que je suis en "grand reset" (loin de tout complot) et réalise combien mes émotions construisent mon monde, le Monde. Je murmure à nouveau mes mots de l'année, simplicité, sérénité et saveurs de la vie. Je me mets alors à rêver, à nouveau... Le futur est déjà réalisé, nous le savons. Il est celui de la foi en notre communauté.
Et hier, après quatre jours de fatigue, je suis partie à un after-work organisé pour mes étudiants. Je n'y croyais pas la veille. J'ai médité, j'ai apaisé mon corps, j'ai dessiné et une énergie est venue. Mes étudiants me l'ont rendu au centuple en étant présents à leur tour avec leurs questions tantôt existentielles, militantes ou curieuses. Il suffisait d'un signe... Je me vois encore à arpenter la mort pour pouvoir dire, naître. Croyez. Car ces seuls mots sont synonymes d'amour qui sans savoir quelle est la voix qui chante.
On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,
Tout notre être frémit de la défaite étrange
Du monstre qui devient dans la lumière un ange.
(Victor Hugo)
Et dans cet élan, en dépit des prochains avions spatiaux qui multiplieront leurs empreintes sur le vivant et en attendant la prochaine révolution technologique, je découvre le livre où apparait mon premier mentor et la belle allégorie de Louise Browaeys d'aller contre un banc de poissons (ça change des moutons... aka les Béliers ?). Une idée souffle, je m'inspire d'Arthur Auboeuf qui a demandé à l'IA comment protéger l'environnement sauf que j'ai demandé une réponse à l'intelligence spirituelle... Et les mots de Al-Mizan sont apparus.
Prenez soin du futur de votre rêve, il est votre émotion,
Céline
Référence : Lacoste J. (1992). Von Goethe Johann Wolfgang. Goethe Sur Kant. Littérature (N. 86). Littérature et philosophie, pp. 116-125.

