Corps hypermédiatique
Explorer les représentations du corps hypermédiatique, concept développé par Mireille Berton.


Mon corps Médium
Imaginez-vous pousser une porte. Quand la porte est ouverte, vous découvrez un homme face à vous. Cet homme, sa silhouette est noire et diffuse. La seule chose que vous voyez de lui, ce sont des faisceaux lumineux qui s’activent comme des néons de lumière scintillante. Votre regard suit ces rayons brillants qui s’enracinent dans la moquette de la pièce où vous venez d’entrer. A cet instant, vous réalisez que ces liens illuminés sont reliés à vous. Vous observez les ondes de cette personne qui viennent à vous. Inversement, vos ondes lui parviennent. Cela ressemble à un circuit fermé d’émission-réception de messages invisibles, inaudibles, inexistants aux sens humains. Cette expérience est qualifiée d’extrasensorielle selon le lexique de parapsychologie.
Cet exemple illustre le langage subtil de la communication invisible. Nous recevons et envoyons constamment des informations sans qu’aucun mot ne soit prononcé. Nous pourrions évoquer le langage non verbal. Le subtil est plus puissant que le seul non verbal. Il capte des informations à distance, sans proximité physique et contacts humains. Ces ondes fonctionnent à distance sans avoir besoin de voir, entendre ou parler à la personne. Cette communication s’appuie sur le ressenti d’une connexion à des ondes qui circulent ici, maintenant et continuellement. Il suffit de se « brancher » sur le canal de diffusion ou la fréquence radio en langage médiatique. Cette communication est dite « énergétique. »
Découvrir ces capacités de « médium spirite » est magique et perturbant. Comment expliquer ces « pouvoirs » ? Comment accepter et croire cette manière improbable de recueillir des informations ou de ressentir des émotions ? Les Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) proposent des réponses… Le corps est un dispositif de communication pareil à un média ou plutôt, un médium selon l’étymologie latine. J’aborde désormais une approche de la médecine énergétique à partir de mes connaissances et mon histoire de docteure et chercheure en SIC.
Mon objectif est de proposer des ponts entre les théories de l’information et la communication, les médias et la médecine du médium et par extension, la médecine des corps. Je souhaite utiliser ces comparaisons pour élargir la pratique du médium mais aussi, faire réfléchir sur les effets des médias sur notre état de santé à niveau symbolique et énergétique. Avancer des impacts réels sur le corps nécessiterait des études scientifiques (une piste de recherche) suivies d’articles académiques.
Mon corps raconte des histoires
Il était une fois le corps… Organique, il fonctionne en mode automatique pour marcher, digérer, générer des actes et des idées. Produit marketing, il est exposé, filtré, photoshoppé pour les marques et magazines. Profil digital, il est liké, commenté, partagé par les amis et les anonymes. Virtuel, il est coupé, changé, interchangeable à la demande. Marchandise sexuelle, il est tarifé, déshumanisé, objet de traite. Enjeu médical, il est mesuré, étudié, testé. Collectif, il est corps militaire, médical, enseignant… Esprit de corps, il est solidaire et communautaire. Chamanique, il raconte l’univers, l’âme, les parcours de chacun d’entre nous et de nous tous.
Bref, notre corps raconte des histoires.
En voilà une affirmation simple et pompeuse à la fois. Avec le Covid-19, la santé avait occupée une place au centre de la sphère médiatique et des discussions de table. Avec le clivage de la pensée que l’épidémie a révélé, tout un chacun a émis son opinion, sa compréhension voire sa connaissance du phénomène épidémiologique. Nous avons découvert que « tout le monde était médecin et avait un avis sur la santé… » Une proposition choquante pour certains accentuant la chasse de la vérité et la rhétorique de la peur. D’autres estiment que le corps est une connaissance intuitive voire une responsabilité et un devoir. Face à une épidémie, avons-nous la capacité intellectuelle, le droit voire le devoir de penser son corps ?
L’épidémie du Covid-19 a révélé un des défis principaux de notre corps pensant, celui de l’interaction des corps et la responsabilité de chacune et chacun à prendre soin de sa santé. Au nom du principe de la prévention, l’épidémie a scellé le confinement des corps puis exigé un port du masque et enfin, une vaccination. La manière de prendre soin de notre corps a été classée « affaire d’Etat » et nous sommes devenus coupables de porter la maladie et de tuer notre prochain.
Les campagnes de communication ont imagé l’inhumanité de notre corps qui peut contaminer l’autre. Chaque corps est devenu suspect de porter des bactéries, des microbes, des maladies. Fin de l’histoire, le corps a un seul chapitre à raconter : il est le corps collectif. Revers fondamental, nous avons réalisé que nous n’étions pas maître de ce corps capable de tomber malade, capable de tuer l’autre, capable d’être instrumentalisé au nom du collectif.
La peur cristallisée a révélé les histoires que nous racontons à notre corps. Une part d’entre nous a été tétanisée par la peur de la maladie et la peur de l’autre. Une autre partie d’entre nous a été mortifiée à l’idée de rendre malade l’autre et diffuser la maladie. Nombre d’entre nous ont évité de penser pour s’adapter aux nouvelles conditions de la vie communautaire. Certains ont succombé alimentant le corps collectif de mortalité, de souffrance et de chiffres abominables… à force de matraquage informationnel. Une fraction de la société a refusé la pression affirmant sa capacité à gérer son corps et rester sain. Enfin, des résistants ont condamné le mensonge de l’Etat au nom de la liberté de choisir son corps. Chacun a établi une relation narrative à ce corps soumis au destin collectif épidémiologique.
Il était une fois… l’histoire de notre corps. Cette histoire universelle raconte notre civilisation et notre relation au corps humain. Ce storytelling du corps est loin d’être seulement somatique, hystérique ou hypocondriaque.[1] Ce corps est un appareil à regarder le temps pour reprendre Paul Claudel[2] ou plus précisément, ce corps est un appareil qui délivre des croyances, des connaissances, des identités. Le corps est ce que nous avons de plus universel et plus commun.
Chaque être vivant, qu’il soit animal, végétal et humain, dispose d’un « corps » qui selon la définition est la « partie matérielle des êtres animés. » Le corps humain est quant à lui, constitué de systèmes que la médecine explore pour en comprendre l’organisation, le fonctionnement afin de le préserver et le guérir. Il est l’organisme au contraire de l’âme et l’esprit. En tant qu’histoire, il devient un conteur épatant riche de ses connaissances acquises au fil du temps et des « structures » qui ont pu le penser. Que nous apprend le corps physique ?
Si nous nous mettions à la place du corps physique, nous réaliserions probablement tous ses efforts constants, toute sa rigueur, tout son exécution intelligente quotidienne quasi magique. Depuis tout temps, notre corps raconte des histoires et nous cherchons à les comprendre, les interpréter et les soigner. Les maux sont les mots de la maladie, ce que le mal a dit. Notre corps raconte l’évolution de notre civilisation et à travers lui, nous pouvons décrypter l’histoire fondamentale de la vie.
[1] L’Heureux-Le Beuf, D. (2004) Le corps raconte-t-il toujours des histoires ? Revue française de psychosomatique 2004/1 (n°25), pages 7 à 18, Accessible en ligne : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychosomatique-2004-1-page-7.htm (consulté le 27/08/2022)
[2] « L'eau ainsi est le regard de la terre, son appareil à regarder le temps. »
Le corps hypermédiatique, de la teckné au corps
"Le médium spirite en tant que << machine >> (...) permet de rendre compte visuellement et acoustiquement d'un esprit, mimant le fonctionnement d'outils d'enregistrement tels la photographie ou, mieux encore, le cinéma. Aussi apparaît-il comme un médium aux deux sens du terme, humain et technologique. " (Berton, 2016)[1]
Le corps hypermédiatique définit par Mireille Berton désigne "comment la figure du médium, entre spiritisme et modernité, embrasse des fonctions médiatiques cumulatives. En tant que média d’enregistrement et de communication, ce dernier reçoit et émet comme un poste de radio ou un télégraphe le message des esprits ; il rejoue une phrase à la manière d’un phonographe en répétant les messages qui lui sont confiés." (Hopkins, 2021)[2]
Cette conception du médium spirite pose la question du corps "machine" dotés d'hyper capteurs. Un médium spirite ne serait qu'un transmetteur, un instrument mécanique et rituel dénué d'émotions. A force de teckné, le corps hypermédiatique projette un médium machine, une intelligence mathématique, physique, fonctionnelle... Le médium spirite se confond voire disparait à l'heure de l'intelligence artificielle devenue la source, le prédictif, le diagnostic hyper efficace car hyper data. L’IA devient la main qui opère un cœur ouvert et ceci est une révolution.
[1] Berton M. Le médium spirite ou la magie d’un corps hypermédiatique à l’ère de la modernité, Colloque intitulé : « Machines, magie, médias », Centre Culturel International de Cerisy du 20 au 28 août 2016, disponible en ligne sur Canal U : https://www.canal-u.tv/chaines/la-forge-numerique/le-medium-spirite-ou-la-magie-d-un-corps-hypermediatique-a-l-ere-de-la, consulté le 14 septembre 2024.
[2] Fleur Hopkins-Loféron. Un homme hypermédiatique: des cas d’hypervision dans l’imaginaire merveilleux-scientifique. Jérôme Goffette. Science-Fiction, prothèses et cyborgs, , pp.251-270, 2019.


Un corps de réception
En SIC, le modèle de transmission de l’information consiste à envoyer un message d’une source d’information puis d’un émetteur vers un récepteur et enfin, un destinataire. Le message transite par un canal de communication. Selon le schéma de Shannon et Weaver datant de 1948 (cf. illustration ci-dessous), propose une approche linéaire de la transmission de l’information. Cette théorie a largement influencé les sciences sociales, les mathématiques, l’ingénierie ou encore, la physique. A l’échelle des perceptions intuitives, elle illustre simplement le processus qui s’opère. Notre corps est la source d’information, il transmet le message au moyen de ses organes, ses émotions ou encore, ses membres. Une personne extérieure peut recevoir ce message qu’il soit destinataire ou non de l’information.
Nous pouvons émettre et recevoir des informations via des moyens de communication extra-sensoriels ou plutôt, « hypermédiatiques ». Cette communication hypermédiatique fonctionne grâce aux ondes de transmission, aux codages des messages, aux réseaux de transmission de notre corps. A l’image des mécanismes de fonctionnement des médias, notre corps communique tel un support écrit, une radio, une télévision ou encore, un capteur téléphone… Nous sommes un « médium », un dispositif de transmission de messages. Nous avons les mêmes attributs que les médias et employons un langage subtil réduit à des signaux visibles et invisibles, verbaux et non verbaux, conscients et inconscients. Notre corps opère un codage et décodage intuitif.
En informatique, le codage algorithmique est réduit à deux chiffres, « 0 » (le courant ne passe pas) et « 1 » (le courant passe.) L’unité la plus simple de codage de l’information du corps humain est l’atome. Le noyau de l’atome est composé d’une charge électrique positive et d’une charge électrique neutre. Autour, les électrons portent des charges négatives. La structure globale de l’atome est neutre. L’étude de l’atome enseigne que le langage subtil est énergie.
« Si vous voulez trouver les secrets de l’univers, pensez en termes d’énergie, de fréquence, d’information et de vibration. » Cette citation de Nikola Tesla exprime une vision de la transmission des informations où l’énergie joue un rôle prépondérant. En reprenant des principes philosophiques grecs, l’énergie est rapportée au feu. En regardant la composition du corps humain, nous savons qu’il est composé majoritairement d’eau, d’atomes d’hydrogène (eau), d’oxygène (air) et de carbone (terre).
Selon Didier Perret, Docteur en chimie et biochimie à l’Université de Genève[2] répondant à la question d’un adolescent sur la composition chimique du corps et la prépondérance de l’oxygène et hydrogène, notre corps est majoritairement composé d’atomes d’hydrogène (60% de la masse). En termes d’éléments, c’est l’oxygène qui prédomine. Le langage subtil serait l’air.
En s’attardant sur la biologie du corps, l’eau est prépondérante et compose 70% de notre être. Cette ressource serait alors la clé pour comprendre la communication invisible de notre monde. Beaucoup ont prouvé l’importance de boire une eau pure, système magnétique de transmission des informations. Pour Jacques Collin, « l'eau apporte une communication avec cet univers. »[3] L’eau émet, stocke, reçoit, traite, recycle toutes les informations de notre corps. Elle est un vecteur de vie et plus particulièrement, d’émotions et de mémoires.
[1] Shannon, C. E., Weaver, W. (1963), The Mathematical Theory of Communication, Champaign: University of Illinois Press.
[2] https://www.rts.ch/decouverte/sciences-et-environnement/maths-physique-chimie/9003597-pourquoi-dans-la-composition-chimique-du-corps-humain-le-carbone-vient-avant-l-hydrogene-vu-qu-on-dit-que-le-corps-humain-est-constitue-en-majeur-partie-d-eau-et-l-eau-est-constitue-d-oxygene-et-d-hydrogene-pourquoi-donc-le-carbone-vient-avant-.html
[3] Voir les différents travaux de Jacques Collin, ici, Collin, J. (2018) La réalité ultime : l’intention cachée de l’univers, Paris : Guy Trédaniel
