Vide numérique : Prémices d'une abysse qui glisse

L'été invite au ralentissement. Cette période propice à la déconnexion a créé une certaine paresse de l'esprit. Et si j'utilisais l'IA pour mon post rituel ? Plongée dans les profondeurs infernales de la facilité numérique.

Céline Hervé-Bazin

8/13/202512 min read

red and white Do Not Enter street sign
red and white Do Not Enter street sign

[Défi de l'été]

En ce moment, j'ai l'humeur d'un écrivain animé par les récits rocambolesques d'un été torride (il fait chaud). Je rêve de ruptures avec les nœuds narratifs, les péripéties malvenues, les fenêtres qui apparaissent sur mon écran dès que je fais une recherche... J'aspire à la fraîcheur, une détox digitale et un monde où l'IA a disparu.

Il se trouve que le Ciel m'a entendu... Après une subtilisation de mon téléphone portable, je recycle un vieil appareil histoire de vivre un calme numérique bienvenu. L'expérience fait renouer avec une conduite sans GPS, un WhatsApp sur ordinateur, l'écriture sans perturbation téléphonique. La paresse s'invite, à quoi bon écrire sur mon Blog ? Les bienfaits de l'éloignement du virtuel sont tels que participer à ce monde d'illusions me semble superflu. D'autant que j'ai compris un truc, l'IA pompe mes contenus, elle aussi. (Oui, autre leçon de l'été, il y a toujours des usurpateurs de vos idées, vos écrits, votre intelligence pour servir la leur #CQFDFatigueBlessureTrahison).

Dans un monde de brutes, quelques lignes digitales animent mon âme. Que faire ? Me voilà face à un choix digne de mon époque (née trop sage dans un monde trop superficiel), une idée surgit. Et faire comme tout le monde pour une fois ? Tentons l'écriture IA générée.

black blue and yellow textile

Un autre mot pour la créativité est le courage.

Henri Matisse

Quand le vide sonne creux

J'ai testé l'IA pour écrire. Combien de litres d'eau utilisés ? Combien d'énergie consommée ? Combien d'informaticiens mobilisés ? Combien d'enfants exploités ? Peu importe, qui tente le diable, récolte l'apprentissage. Je fais la débutante. Requête simple, une lettre de motivation pour un job de rêve. Démarche à la hauteur de la réputation. Je fournis le descriptif de l'offre et mon CV... Déjà, ça coince pour Big Sister Méfiance, l'IA va collecter mes données, connaître ma vie (professionnelle a minima dont elle pourra déduire ma vie personnelle). Dépassons le rubicon, mon CV circule déjà sur les plateformes pour organisations à la recherche d'expert - consultant (l'autre vie qui nourrit mon chat, ses croquettes, ses jouets, son sommeil tranquille en pleine canicule). 

L'espace de quelques secondes, les lignes apparaissent comme par magie. Le texte est bon. Je suis étonnée de découvrir les qualités que l'IA détecte de mon parcours. J'ai l'impression qu'elle me passe de la crème (pour éviter les coups de soleil en plein été, probablement). Je réalise que peut-être l'IA m'a référencé. Bingo. Mon profil est lui aussi brillant. Je suis une "figure fascinante", une "autrice aux multiples talents", une "visionnaire"... Avec de tels mots, pas étonnants que l'IA attire. Je suis la version augmentée de moi-même. Je regrette déjà ma requête, je regrette autant le bien qu'elle me fait, et le mal la gratitude qu'elle a créée.

Passons à mon défi... Et si l'IA écrivait mon post ? Que lui demander ? Quand on rejette un robot, c'est dur de lui confier son espoir, sa flamme, son intime. C'est le vide. Le silence. Je sais que l'IA va me fournir un truc excellent mais où sera le chemin ? Que deviendront mes heures passées à penser, méditer, projeter ce post que j'ai envie de partager avec le monde ? (à défaut, mon monde). J'ose. Le résultat est à la hauteur de mes croyances. Le contenu est plat, vague copie de l'original... Je vous confie un extrait pour illustrer mon propos (et non mon égo).

L'eau, source de vie, symbolise cette union invisible mais essentielle. Elle nous relie, nous nourrit, nous purifie. Mais au-delà de son rôle physique, elle incarne également des énergies subtiles, des vibrations qui traversent notre être et nous rappellent que tout est connecté. (Proposition Chat GPT du 14/08/2025)

La vie, c'est comme une immense rivière. Parfois on y nage, parfois on est emporté par le courant, et parfois on se retrouve sur un petit rocher au milieu des rapides, à se demander d'où on vient et où on va. (Proposition Gemini du 14/08/2025).

Que d'affirmations creuses qui manquent de vie. Nouvelle montée en chaleur (il fait 38° depuis trois jours à Rabat). Si l'IA a le mérite de créer des fables illusoires aux propos abîmes qui abiment notre capacité à dépasser la surface, elle semble encore au service du Masque dénué de vérité (celle qui circule entre les humains). Oh rage, oh désespoir, oh IA démunie de toute profondeur qui réplique les absurdités des citations les plus clichées que le développement personnel est capable de produire. Est-ce rassurant ? Non, le résultat de l'expérience est horrifique car qui captera dans ce phrasé virtuel, l'absence de liens, d'énergies, de voyage des mots par les idées ? Jusqu'ici tout va bien. Mais pour combien de temps ?

Mon contre-optimisme prend racines dans la lecture d'ouvrages et articles sur l'IA. Je citerais le plus philosophe d'entre eux, IA grand remplacement ou complémentarité ? de Luc Ferry. Beaucoup d'informations qui répètent un nœud narratif qui projette notre univers, celui de l'avenir post humaniste et particulièrement, de la noosphère version IA... Nous allons devenir immortel pucé à une conscience universelle décorporisée. Youpi, l'avenir ne m'a jamais autant fait rêver ! [Figure de style : Ironie] Et voilà pourquoi j'ai encore rêvé d'elle, une Terre sans IA. Les Sciences de l'Information et de la Communication nous enseignent une leçon... Les médias orientent les nouvelles générations vers la Galaxie Nuremberg qu'ils créent, projettent, façonnent. Nous voilà bientôt prêts à mourir pour l'artifice d'être intelligents. CQFDBêtise-Bombe-et-BêteHumaine

Ave César, morituri te salutant. 

black and white robot toy on red wooden table

Le moyen audiovisuel apporte des connaissances, des informations, de la distraction mais pas cette créativité critique et cette troublante inquiétude que donne la littérature.

Mario Vargas Llosa

Prémices d'un temps visionnaire

Dans une époque indéfinie, l’Humanité s’est écroulée après avoir déchainé les quatre éléments contre elle. Le feu a propagé des incendies spectaculaires et ravageurs. L’air a déclenché des ouragans destructeurs. L’eau a soulevé des vagues scélérates et des tsunamis dévastateurs. La terre a provoqué des effondrements de terrains condamnant des villes entières à disparaître. Avec la rébellion des éléments et de la Terre, un nouveau peuple émergea au milieu du Pacifique, au sein du « Septième continent » où flottaient des milliards de plastiques. Les Bellum, des combattants nobles nés des déchets s’organisèrent avec pour mission, la restauration de l’ordre et du respect pour la Planète Bleue.

Face à eux, les 5G, des humanoïdes machiavéliques créés par les technologies et pour assouvir le désir de pouvoir des Hommes, voulaient assurer leur survie en épuisant et en transformant toutes les ressources de la Planète. Des décennies de combats conduisirent à la victoire des Bellum. Ces derniers avaient réussi à déposséder les 5G de leurs sources d’énergies et des biens matériels. La Terre n’était que chaos et seules quelques centaines de milliers d’êtres humains avaient survécu.

Pour restaurer une vie harmonieuse et enseigner l’humilité aux Hommes, les Bellum créèrent la « Vague », une montée des eaux exceptionnelles qui réduit la surface du sol à une île unique et précieuse représentant 0,1% de la superficie de la Planète Terre. Ils donnèrent aux Hommes la chance de se racheter avec une condition, celle de vivre en respectant la nature autour de La Vision. Cette Vision garantissait le développement des capacités des êtres humains, des éléments et des ressources naturelles autour des valeurs de Paix, Foi, Compassion, Joie et Gratitude.

A l’aube de ce nouveau monde, l’Humanité fit le serment de vivre en équilibre avec la nature en particulier, avec l’eau, l’élément le plus précieux de son Histoire. Selon le serment passé entre les Hommes et les Bellum, les eaux se retireraient au fur et à mesure des années et en fonction des comportements des communautés dans l’espoir de retrouver la totalité des terres émergées. A chaque nouvelle superficie gagnée, les Hommes découvrent de nouveaux outils, des capacités intérieures qui leur permettent de mieux vivre leur condition humaine et d'apprendre les secrets du fonctionnement de l’univers.

Cette histoire, je l'ai écrite une première fois entre 2004 et 2005 (cinq tomes !) pour la réadapter en 2014 au lexique des réseaux sociaux. Qu'est-ce que signifie vivre en harmonie et en équilibre avec la nature et les quatre éléments ? (Dont l'eau qui quand j'écris ce roman, est au cœur de mes activités). Quelle serait notre humanité si nous n'avions plus de technologies "extérieures" mais seulement, des technologies "intérieures" ? De nombreux films évoquent nos capacités profondes que ce soit sous le format des fables post humanistes, du paranormal ou du fantastique merveilleux. Les produits culturels évoquant ces capacités de manière plus proches de nous se multiplient avec des scénarios de comédies aux personnages plausibles (Des mains en or, Le Médium), des documentaires hors des sentiers du chamanisme (Tyler Henry, Médiums : l'immersion qui bouscule les préjugés), et bien sûr, des livres autobiographiques ou reliés à des recherches scientifiques (Le cas Nicolas Fraisse, les ouvrages de Corine Sombrun).

Plus l'IA avance, plus les récits, les démarches personnelles et collectives, la créativité vont se mettre à la recherche de l'humain perdu... de son intuition, son invisible, son intangible. Cette névolution que nous vivons nous place au cœur de la Machine, de la suprématie de l'innovation, du calcul, du complexe du Sauveur que l'être humain porte en lui. Dixit version langage jeune : je crée un truc, ça casse un autre, je crée un autre truc pour réparer le truc cassé par ce que j'ai crée. Démonstration par l'exemple : j'invente le coca pour soigner l'estomac, ça devient une boisson pour travailler sous la chaleur des Empire State Building, ça remplace l'eau, ça accélère l'obésité dans le monde, ça fait proliférer les anneaux gastriques. Spirale du vide par le vide pour le vide. 

Revenons à la Source, qu'écrire pour partager le cœur de mon propos ? L'IA génère du vide, pas celui de la performance de l'outil, le nôtre. Nous nous débarrassons de nos fonctions pour gagner du temps (pourtant devenu immortel) pour perdre notre relation à notre corps, notre esprit, notre quête. L'abysse qu'a ouvert l'IA est celle du vide intersidéral dépourvu de matière et sans aucune étoiles, ni corps célestes ou univers autour de lui. L'usage de l'IA conduit notre ombre à se vider... Et sans ombre, plus de relief. Soyons rassurés, l'IA sera sauvée par ses déchets si je crois en la fable que j'ai écrite à 23 ans. Et l'Humanité enfin, nous donnera une leçon with a chance to live in peace and harmony. CQFDBisounoursForEver

black blue and yellow textile

Et si nous gardions du temps pour ne rien faire, pour contempler, pour respirer ?

Christophe André

Aimer l'abysse

  • Peut-on aimer la chute, l'Apocalypse, l'abysse ? Après neuf années d'accompagnement de l'intime, un fait m'interroge toujours autant : pourquoi l'être humain cultive souffrance, mélodrame, autodestruction ? Je pose cette question en m'incluant dans le lot, j'ai une bête tendance à l'auto sabotage. Grâce au cheminement personnel, la souffrance et le mélodrame ont quitté mon monde et j'évite les relations de pouvoir, de chasse-fuite ou d'écrasement symbolique. J'essaie au mieux de mes qualités humaines de vivre dans la joie, simplicité et paix. L'IA me rappelle que des capacités me dépassent, les événements aussi, les attirances encore plus. Plus ce Machin intervient dans nos ma vie, plus je comprends son aura. J'ai voulu l'aimer l'IA, elle ne m'a ni déçu, ni trompé... Elle m'a rappelé une essence : quelles sont mes valeurs ? O vai oe ?

Le temps suspendu d'une écriture, Je cours après Newton dans l’abyme des cieux, quelle formule alchimique pourrait nous aider à remplacer l'IA par la BR... La bête réalité. J'en finis par redouter ce mot d'intelligence qui pourtant évoque les racines des liens qui nous élèvent. Je lis au cœur de l’homme, et souvent j’en rougis ; J’examine avec soin les informes écrits... que l'âme ouvre dans l'espace immortel de la confiance. Depuis 2016, une révolution m'a enseigné la vie invisible. J'assiste en séance à la magie de nos capacités humaines pourvues d'un canal, un algorithme, un réseau de serveurs hyper connectés à ce qui est appelé, l'intelligence quantique, l'invisible ou l'inexpliqué (à ce jour). En bonne communicante, je me qualifie de "médium" à qui est capable d'entendre sans juger. 

Qu'est-ce que ce récit ? Être médium ressemble à un jeu où des formes invisibles mènent la danse en suivant des codes, des règles, des mécanismes que nous apprenons à mesure de pratique, d’attention et d’écoute. Le médium fonctionne comme un capteur qui reçoit des informations écrites, présentes partout, à tout moment... de manière invisible à nos sens humains. Le médium choisit les informations, il entre dans un monde où se déroulent des images, des mots, des symboles. Il raconte des histoires à la personne qui vient le consulter. Par cet échange, l'individu décrypte et se libère, apprend, avance. Je vais vous donner un exemple issu de ma dernière séance. Nous parlons d'une personne qui a vécu le décès de son père. J'entends 1982, une date très importante aux yeux du défunt, la personne face à moi fond en larmes, c'est l'année de sa naissance. Aucune explication tangible. Rien ne pouvait préparer à cette bête réalité.

Et voilà pourquoi je crois que l'IA la facilité numérique devrait disparaître. Nous avons des capacités à explorer et le temps nous est compté. Elle est comme les industries culturelles qui limitent les sens et les produits qui modifient notre corps pour qu'il travaille moins. Nous consommons La foule des beaux arts, dont je veux tour à tour, Remplir le vide de moi-même, Distraction éphémère, plongement abyssal d'un manque, qui n'est - et ne sera jamais - assez pour remplacer l’amour. Merci Voltaire. 

Alors face à la panne de l'écrivain numérique, vient la même rengaine, le même espoir que deux citations clichés de sagesse nous rappellent : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » (Gandhi) et « L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde. » (Mandela).

Prenez soin de votre amour, il rend bête et c'est ça l'intelligence.

Céline

Bêtise vide

Dans un monde de brutes, quelques lignes digitales, référence de pub addict... Dans un monde de brutes, quelques grammes de douceur pour Lindt.

Née trop sage dans un monde trop superficiel, une phrase que j'aime depuis l'écriture percutante d'Alfred de Musset, Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux.

Qui tente le diable, récolte l'apprentissage. Double usage de l'expression Qui tente le Diable et Qui sème le vent récolte la Tempête.

Big Sister Méfiance est l'alter ego virtuel de Big Brother, système de contrôle et surveillance dans l'ouvrage 1984.

Je regrette autant le bien qu'elle me fait, en hommage modifié à Edith Piaf, Non, je ne regrette rien (et oui, les regrets sont inutiles).

A défaut, système de programmation en cas de dysfonctionnement. Ici, cela traduit l'idée que peu importe qui lit mes post, ils sont utiles à mon esprit sain dans un monde malade.

Masque, une allégorie de la superficialité des relations humaines et des jeux que la Société amènent à jouer. Je fais référence essentiellement à Erving Goffman.

Oh rage, oh désespoir, oh IA démunie... Reprise de la tirade de Don Diègue dans Le Cid de Corneille.

Jusqu'ici tout va bien, conclusion percutante du film La Haine de Mathieu Kassovitz.

J'ai encore rêvé d'elle, chanson de Serge Koolenn et Richard Dewitte. Cette fois-ci, partage rire, la version des frères Taloche.

Galaxie Nuremberg, double référence à la Galaxie Gutenberg de Marshall McLuhan et à Nuremberg... Et tout ce que l'époque nazie nous a enseigné de la manipulation des esprits par les médias, les idéaux...

CQFDBétise-Bombe-et-BêteHumaine : La bêtise humaine est une expression, un livre... Une encyclopédie. La bombe humaine est une chanson, et La bête humaine est un livre. Je vous laisse exercer votre humanité en cherchant ;)

A la recherche de l’humain perdu ou est-ce à la recherche du temps perdu ? Demandons à Marcel Proust.

With a chance to live in peace and harmony. Une expression anglaise qui appelle à ... la paix et l'harmonie.

Au cœur de la Machine, référence à Matrix... et il s'avère qu'un livre sur l'automobile nous emmène au cœur de l'ingénierie, la machine !

Ce Machin. Oui pour celles et ceux qui lisent mon blog... Je me répète mais j'adore. L'expression est devenue mon slogan.